Fonction : Diffusion/Patrimoine/Types : photographie

Les diverses facettes d’une archive multiplateforme : Jazz Petite-Bourgogne

Exposition au Centre culturel Georges-Vanier

du 14 juin au 31 juillet 2013

Dans la salle d’exposition du Centre culturel Georges-Vanier, on peut voir actuellement l’exposition Jazz Petite-Bourgogne, qui explore à la fois l’histoire du jazz et celle de la Petite-Bourgogne qui fut son creuset, à travers une belle sélection de photographies d’archives. La Petite-Bourgogne (anciennement la ville de Sainte-Cunégonde où le célèbre Louis Cyr fut policier) est un quartier du Sud-Ouest de Montréal situé au nord du canal de Lachine et à l’est de Saint-Henri.

Couvrant la période allant de l’essor du jazz dans les bars clandestins des années 1920 à sa renaissance des années 1980, en passant par son déclin dans les années 1970, en seulement 13 photographies, l’exposition constitue une magnifique synthèse de l’histoire mouvementée de cette musique.

1_rockheads_paradise_webLe Rockhead’s Paradise © Copyright Archives de l’Université Concordia

L’exposition commence par les origines fort modestes des musiciens, qui étaient souvent porteurs de bagages dans les gares, comme c’était le cas de Rufus Rockhead, propriétaire du Rockhead’s Paradise. Elle se poursuit en évoquant l’influence de l’église et de la communauté dans leur vie quotidienne et en présentant des lieux mythiques comme le Café Saint-Michel (1946) ou le Black Bottom (1958). Ces lieux sont associés aux figures emblématiques qui les ont animé comme les américains Louis Metcalf et Charlie Biddle ou encore Nelson Symonds, originaire de Nouvelle-Écosse.

2_nelson_symonds _webNelson Symonds © Copyright Tracy Biddle

Les textes informatifs accompagnant les photos, loin d’être de simples légendes, détaillent des moments-clés comme 1902, date à laquelle les femmes de porteurs créent le Coloured Women’s Club of Montreal pour combattre le racisme ou encore des épisodes des années 1940, souvent considérées comme l’âge d’or du jazz à Montréal. Si un grand nombre de musiciens noirs s’installèrent dans la Petite-Bourgogne pour fuir le racisme des États-Unis, leur perspective d’emploi a longtemps été limitée au métier de porteur.

3_eglise_web - CopieL’église et la communauté © Copyright Erene Anthony

À l’endroit surnommé « The Corner », à l’intersection des rues Craig (actuelle rue Saint-Antoine) et de la Montagne, les boîtes de jazz Rockhead’s Paradise et le Café St-Michel attirent les jazzmen du Canada et des États-Unis. Mais l’engouement pour le rock-and-roll, le développement de la télévision et la politique de lutte contre les cabarets du maire Drapeau vont précipiter le déclin du jazz à Montréal dans les années 1970. Il faudra attendre 1980, avec entre autres, l’ouverture du Biddle’s Jazz and Ribs et la création du Festival de jazz à Montréal pour parler de la renaissance du jazz dans la ville.

4_cafe_saint_michel_web - CopieLe Café Saint-Michel © Copyright Archives de l’Université Concordia

Cette exposition est remarquable à la fois par la variété des sources d’archives utilisées et par sa présentation visuelle. En effet, les archives ont été puisées autant dans les grands centres comme l’Université Concordia ou les archives du Canadien Pacific, que dans les archives privées des familles des musiciens : Kelly Peterson, Tracy Biddle, etc. Du point de vue muséologique, on applaudira le soin apporté à la présentation des photographies : absence de verres permettant un accès direct à l’image, cartels explicatifs au contenu développé, belle qualité d’impression des tirages et éclairage bien dosé.

5_exposition_CCGV_webLa salle d’exposition du Centre culturel Georges-Vanier

Cette exposition n’est que la partie émergée de l’iceberg, à savoir un documentaire Web du même nom conçu par Catbird Productions, Espace.mu et CBCmusic.ca, en ligne à l’adresse suivante :  http://jazzpetitebourgognedoc.radio-canada.ca/. Pour chacun des 13 épisodes représentés par une photo, on peut voir dans l’exposition virtuelle une archive audiovisuelle accompagnée d’une série de photographies. Une ligne du temps en haut de chaque page permet de suivre la logique de la présentation qui est à la fois chronologique et thématique. En outre, il existe aussi une application iphone  Jazz Petite-Bourgogne qui propose quatre circuits pédestres avec des extraits à écouter. On peut ainsi se replonger dans le cadre visuel et dans l’ambiance sonore de l’époque.

6_exposition_virtuelle_webImpression d’écran de l’exposition virtuelle © Copyright Archives de l’Université Concordia

Des événements connexes sont également organisés par l’arrondissement, en écho à l’exposition, comme des concerts de trios de jazz à la Terrasse Atwater, ainsi que l’installation de pianos en libre accès dans certains parcs. Le jazz sera d’ailleurs présent en direct le mercredi 17 juillet à 17h au Parc Sainte-Cunégonde avec l’événement Lancement festif des Pianos Publics du Sud-Ouest. On peut apporter ses instruments et jammer en compagnie d’Oliver Jones, Susie Arioli et Lorraine Klaasen.

7_parc_sainte_cunegonde_webPiano public au Parc Sainte-Cunégonde

De l’exposition photographique traditionnelle au circuit pédestre sonorisé, en passant par l’exposition virtuelle, le livre numérique (bientôt disponible sur iTunes) et le jam, les archives se déclinent en multiplateforme, elles empruntent tous les médias disponibles pour se retrouver en tête d’affiche. Pour l’anecdote, l’art mural participe également à la fête et constitue une sorte d’archive à l’affiche lui aussi, comme en témoigne cet exemple de la rue Charlebois à Saint-Henri. Elle montre un saxophoniste et mentionne aussi le Rockhead’s Paradise, tout en soulignant l’importance de l’industrie ferroviaire. Déjà présente depuis un an, son sens devient plus évident avec l’exposition Jazz Petite-Bourgogne.

8_murale_charlebois_webMurale de la rue Charlebois

Exposition Jazz Petite-Bourgogne

Salle d’exposition du Centre culturel Georges-Vanier
2450, rue Workman, Montréal
514 931 2248
Site web : http://www.ccgv.ca/

Photographie de vue d’ensemble de la galerie : Élise Thierry avec l’autorisation de Catbird Productions et du Centre culturel Georges-Vanier

Sources :

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