Archives au quotidien

Un fauteuil sur la Seine, un regard vers le passé par les archives

Par Danick Plante, étudiant à l’EBSI

Je suis un grand amateur de littérature et c’est par pur hasard que je suis tombé sur l’auteur franco-libanais Amin Maalouf. C’est un auteur qui s’intéresse particulièrement au passé et qui aime bien le présenter dans ses romans, ou comme c’est le cas dans Un fauteuil sur la Seine, dans ses essais.

Amin Maalouf a été élu comme le 19e occupant du 29e siège de l’Académie de la Langue française en 2011. Dans le cadre de son discours d’introduction, en voulant faire l’éloge de prédécesseur, il a eu l’idée de retracer l’histoire de tous les personnages qui ont occupé ce siège depuis la fondation de l’Académie en 1634. « J’avais envie de mieux connaitre tous ces personnages, auxquels me liait désormais une certaine filiation morale » (Maalouf, 2016) nous dit-il dans son avant-propos.

Pour ce faire, il a dû travailler avec les archives de l’Académie pour retracer la vie et les activités de ces prédécesseurs. Il intègre certains extraits de lettres et discours des académiciens qui ont occupé ce poste au texte. À chacun des 18 personnages, l’auteur de cet ouvrage cite des lettres ou des traités, ce qui semble donner vie à ceux-ci.

Parfois, cela faisait émerger des personnages méconnus aujourd’hui, comme Pierre Bardin, premier occupant du 29e siège. Comment comprendre cet homme du passé puisque plus aucun de ses textes n’est publié ? Par les archives, évidemment. Ainsi, nous pouvons le deviner comme étant une personne moderne pour son époque, sans prétention, qui adresse son œuvre aux gens simples sans les termes savants. On sait aussi qu’il est mort en voulant sauver le marquis d’Humières de la noyade. Sans ces précieux manuscrits conservés à la Bibliothèque nationale de France, cet écrivain serait probablement resté dans l’oubli.

Avec le travail d’Amin Maalouf dans cet essai, on apprend aussi des faits très intéressants sur des personnages connus, comme c’est le cas avec Voltaire. Alors qu’il aurait dû être le septième occupant du 29e siège de l’Académie, c’est plutôt Paul d’Albert, cardinal de Luynes qui a été choisi. Voltaire écrit dans une lettre en 1743 qu’il promet de « renoncer à jamais à l’Académie, et de [s]’en tenir aux bontés du public » (Voltaire, 1743), même si quelques années plus tard, il finit par être élu. Aujourd’hui, nous ne comprenons pas cette décision, mais grâce aux archives, nous nous apercevons que cette décision était davantage politique, puisque le cardinal de Luynes était proche du roi et avait des privilèges. Condorcet explique que « c’était le roi lui-même qui n’avait pas voulu que Voltaire succédât au cardinal de Fleury [le sixième occupant], dans la place d’académicien » (Maalouf, 2016).

Ces deux exemples ne sont que deux exemples du travail incroyable qu’a fait Amin Maalouf pour reconstruire la vie des 18 académiciens qui l’ont précédé à son siège. Sans être le travail d’un historien, l’écrivain s’est emparé de documents d’archives afin de mettre de l’avant leur histoire. Cela donne aussi un point de vue intéressant et particulier pour comprendre l’histoire de la France. Les archives servent de support à la compréhension du passé et, comme le dit Maalouf, comprendre la « filiation morale » qui le lie au passé.

***

* Ce texte est une version révisée et augmentée d’un travail pratique réalisé dans le cadre du cours ARV1056 – Diffusion, communication et exploitation – donné au trimestre d’hiver 2020 par Yvon Lemay à l’EBSI, Université de Montréal.

Source :

Maalouf, A. (2020). Un fauteuil sur la Seine : quatre siècles d’histoire de France. Paris, France : Le Livre de Poche.

Toutes les citations proviennent du livre.

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