Congrès

LaVoute.tv: Conception d’une plateforme de diffusion d’archives audiovisuelles

Elisabeth Comeau, finissante au Certificat en archivistique de l’Université Laval, étudiante au BISHEP et reporter étudiante au congrès 2023, nous présente un compte rendu de la conférence « LaVoute.tv – Conception d’une plateforme de diffusion d’archives audiovisuelles », présentée par Steeve Cantin et Marie-Chantale Savard, le 18 mai 2023 lors du congrès.

Vous avez sans doute entendu parler de la plateforme de diffusion d’archives audiovisuelles LaVoute.tv, qui a été lancée à l’automne 2022. Cette initiative de la Société d’histoire et de généalogie Maria-Chapdelaine (SHGMC), en collaboration avec le Regroupement des services d’archives privées agréés du Québec (RSAPAQ), a pu voir le jour grâce au financement du ministère de la Culture et des Communications, obtenu par le biais de l’appel de projets Ambition numérique. Sa mission : rendre accessible et préserver la mémoire collective en offrant aux organismes partenaires un espace commun de diffusion du patrimoine audiovisuel du Québec. Steeve Cantin et Marie-Chantale Savard, tous deux de la SHGMC, sont venus nous présenter le travail colossal effectué derrière la création de la plateforme, en commençant par la genèse de ce projet.

Parmi son inventaire de documents d’archives, la SHGMC possédait déjà plus de 3 000 heures d’enregistrements sonores et 7 307 heures d’images en mouvement. Face à cet important contenu d’archives audiovisuelles, il a été décidé d’acquérir des appareils spécialisés de numérisation pour leur préservation et conservation. Il s’agissait d’une détermination pour préserver ces documents qui sont, selon eux, légèrement négligés par les institutions détentrices d’archives, et qui sont des sources d’information névralgiques pour le patrimoine québécois. Cependant, cette volonté de préservation n’était pas sans enjeux, notamment au niveau du coût et de la rareté des fournisseurs de services de transfert, l’espace disque assez volumineux nécessaire pour la conservation et l’absence d’une plateforme qui serait adaptée pour la diffusion de ces archives, et donc leur mise en valeur. Pour contrer ces enjeux, la SHGMC a pu mettre en place quelques solutions :

  • L’acquisition d’appareils encore plus spécialisés au niveau de la numérisation, tels que des lecteurs, des cartes de captures, des ordinateurs, etc. ;
  • Le développement de l’expertise concernant l’entretien des appareils, la manipulation des archives, la réparation et le traitement des fichiers, qui demande également une bonne connaissance en multimédia ;
  • L’utilisation d’une plateforme web existante et gratuite – dans ce cas-ci YouTube ;
  • L’acquisition de disques durs externes

Toutefois, pour ce qui est de la diffusion, il a été remarqué que YouTube est assez limité quant à la description et l’ajout des métadonnées, en plus de la difficulté de commercialisation et sa complexité en tant qu’outil de repérage. Parmi les autres problématiques rencontrées, il sera mention de la multiplication des disques durs externes, la limitation du territoire concernant la provenance des archives, ainsi que les ressources humaines, soit l’embauche et la formation.

C’est donc à ce moment qu’est arrivé ce que Steeve Cantin appellera le « miracle » : l’appel de projets Ambition numérique. Les objectifs de l’appel de projets, et donc son élaboration, correspondaient à toutes les solutions qui pourraient résoudre les problématiques mentionnées. Cependant, pour déposer un projet, la SHGMC ne pouvait être éligible en tant que seule entité. C’est donc ce qui mènera à la création du partenariat avec le RSAPAQ, qui pourra appuyer et s’associer au projet.

Ce projet prendra la forme de deux volets : la numérisation et la conception. Pour le premier volet, il fallait déplacer et transporter une quantité importante d’archives provenant de partout au Québec. Marie-Chantale Savard indiquera que c’est plus de 6 000 km parcourus en une année pour ces déplacements. Un processus de contrôle qualité, de validation et d’identification des documents d’archives sera mis en place lorsque la société les recevait, dont la grande majorité n’avaient jamais été visionnés ou numérisés – ce qui pouvait mener à quelques découvertes surprises ! De ce fait, certains documents ne seront jamais mis en ligne sur la plateforme, par leur contenu qui ne correspondrait pas aux critères établis pour la diffusion.

Concernant le deuxième volet, ce sera d’abord le logo qui sera imaginé, puis la définition de la mission. Une étude des autres plateformes similaires sera effectuée, puis une liste d’éléments de ce que serait la « plateforme parfaite » sera élaborée, en alliant autant des aspects archivistiques (description, indexation, métadonnées et facettes, outils de recherche, etc.), légaux (priorisation d’une politique de données ouvertes, téléchargement ou enregistrements des fichiers, etc.), ainsi que visuels et techniques (navigation, aspects esthétiques, participation des usagers, etc.).

De cette longue liste, plusieurs objectifs ont été atteints, d’autres devront être mis sur la glace, et quelques-uns mis de côté, selon les contraintes de temps, de programmation et de budget rencontrées. Parmi les résultats atteints, notons les éléments suivants :

  • Une interface qui favorise une navigation simple
  • Une vignette de prévisualisation
  • La possibilité de recherche par mots
  • La possibilité de combiner plusieurs filtres de recherche
  • La description et l’indexation faites selon les réutilisations

Certains aspects, comme la politique de données ouvertes ou les marqueurs temporels dans l’outil de lecture, ont été mis de côté. Finalement, la conception de la plateforme passera par des activités de promotion et de marketing, avant le dévoilement final.

LaVoute.tv, à ce jour, c’est plus de 3 000 documents d’archives qui ont numérisés, dont environ 600 qui sont diffusés. Ce travail a pu être réalisé en collaboration avec 27 partenaires du RSAPAQ pour la phase initiale. Cette plateforme est toujours en constante évolution, souhaitant se rapprocher de l’un de ses buts : devenir le point de convergence des archives audiovisuelles du Québec.

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