Profession/Vie d'archiviste

Vie d’archiviste : Linda Rivest

Archiviste / Société d’histoire de la Rivière-du-Nord


Quel est votre parcours professionnel?

Parcours académique

CÉGEP, BAC et scolarité de maîtrise en littérature française et québécoise au Collège Lionel-Groulx et à l’Université de Montréal. Retour aux études après mes deux premiers enfants : Certification en archivistique à l’Université de Montréal. Ma formation en littérature combinée à ma formation en archivistique est un atout pour mon travail quotidien.

Cheminement professionnel

Stage dans une municipalité aux archives historiques ; assistante de recherche et correctrice pour des professeurs à l’Université de Montréal ; divers contrats de courtes et moyennes durées de traitement d’archives historiques dont le traitement du fonds Claude-Henri Grignon pour la Ville de Saint-Jérôme et le traitement du fonds Claude Léveillé (contrat privé) acquis par BAnQ ensuite.

Par la suite, contrat avec le Conseil de la culture des Laurentides comme archiviste itinérante pour un projet structurant pour de petites sociétés d’histoire des Laurentides et contrat avec la Société d’histoire de la Rivière-du-Nord pour du traitement de fonds d’archives historiques, mais aussi pour l’organisation et la gestion du centre d’archives et gestion de personnels, particulièrement des bénévoles, mais aussi des employés, des stagiaires et des étudiants durant l’été.

Par ailleurs, j’ai eu la chance d’être la première archiviste du Centre d’archives de Laval et j’ai préparé la demande d’agrément. Je suis ensuite revenue à la Société d’histoire de la Rivière-du-Nord pour effectuer le même défi et ainsi obtenir un poste permanent.

Dès les débuts, j’ai souhaité travailler dans le milieu des archives historiques et bien que ce soit souvent des emplois contractuels, j’ai toujours persévéré.

Avez-vous exercé d’autres métiers avant de devenir archiviste?

Oui. J’ai été correctrice pour une compagnie de théâtre d’entreprise et puis maman à la maison quand les enfants étaient petits. C’est à ce moment que j’ai décidé d’effectuer un retour aux études et m’inscrire au certificat en archivistique. J’ai concilié enfants et études !

Pourquoi avoir choisi cette profession? Quelle était votre motivation, qu’est-ce qui vous attirait dans le métier?

Je ne sais pas ce qui m’a poussé à suivre une formation en archivistique, mais j’ai réalisé après coup que j’étais destiné à ce métier sans le savoir. Depuis le Cégep, je classais toutes mes notes de cours dans des cartables par année. Et c’est sans compter tout ce que j’ai conservé depuis l’école primaire : tous mes bulletins bien sûr, des cahiers de mes cours préférés, des dessins et des bricolages, toute ma correspondance du secondaire bien classée par date !

Quelle est votre routine habituelle?

À part ouvrir mes courriels en arrivant le matin, mes journées sont en évolution constante. Il y a toujours une urgence plus urgente que les urgences. J’ai toujours 3-4 projets en cours et il y a aussi un peu de gestion qui s’ajoute ici et là : une entente à rédiger, une offre de service à présenter, une rencontre soudaine à préparer. La seule chose qui soit vraiment régulière ce sont les journées avec les bénévoles. Ceux-ci ont un horaire stable. Ils ont chacun des plages horaires bien précises. Les gens à la retraite sont des personnes très occupées et ils ont besoin d’un horaire régulier. Je dirais que c’est la seule routine à la SHRN : les journées avec les bénévoles.

Racontez-nous une journée atypique

Je considère toutes mes journées atypiques ! C’est rare que ce que j’avais prévu la veille soit exactement ce qui se produit durant la journée. Comme nous offrons plusieurs services différents et nous nous devons d’être polyvalents et prêts à nous lancer dans toutes sortes d’aventures. Nous réalisons des projets qui utilisent les archives dans un sens très large. Dernièrement, j’ai rédigé des panneaux patrimoniaux ; j’ai donc utilisé nos archives et les publications de notre centre de documentation pour écrire les textes et les archives iconographiques ont servi à illustrer les panneaux. J’ai aussi rédigé le cahier anniversaire d’un organisme de notre région. C’est très stimulant, car mes journées sont constamment différentes et nous avons toujours de nouveaux défis à relever. Dans les prochaines semaines, je vais m’attaquer à une autre série de panneaux, mais ça sera différent quand même puisque ce sera dans un autre milieu, dans un autre contexte et pour un public différent.

Aussi, je réalise que je fais de moins en moins de traitement d’archives et de plus en plus de gestion, de demande de subvention, de représentation et de projets spéciaux. J’aime bien me replonger dans le traitement de petits fonds d’archives à l’occasion.

Avez-vous des anecdotes ou des situations cocasses qui vous sont arrivées au travail?

Un jour, j’ai rencontré le petit-fils du curé Antoine Labelle. Son arbre généalogique à la main, il était un fier descendant du célèbre curé. Il voulait récupérer les archives et les objets personnels de son grand-père afin de léguer cet héritage à sa fille. Comme les archives ou les objets du curé Labelle n’étaient pas à la vue de cette personne, j’ai pu lui dire que pour nous n’avions malheureusement pas grand-chose lui ayant appartenu (je dirais que c’est un mensonge pieux !). Je lui ai dit que je ne savais pas qui pouvait avoir ces trésors, mais qu’il y avait de fortes chances que tout cela ait été perdu depuis toutes ces années. Je l’ai invité à aller visiter la tombe du curé Labelle au cimetière tout près, il n’aurait toujours bien pas tout perdu ! Ne lançons pas de rumeur, le curé Labelle n’a pas eu d’enfant en cachette, mais j’ai trouvé plus sage de ne pas contredire cette personne qui était heureuse de penser que le curé Labelle était son grand-père et moi ça me fait une histoire cocasse à raconter.

Avez-vous connu des changements marquants au sein de votre profession au cours des dernières années? Lesquels?

Je ne crois pas que le métier d’archiviste ait changé en soi, cependant pour survivre dans un petit milieu comme une société d’histoire j’ai appris à être créative dans les projets à réaliser pour que l’organisme reçoive des subventions. Les sources de financement étant rares dans ce milieu, on doit sans cesse chercher à se renouveler. J’ai appris à être polyvalente et pluridisciplinaire. On doit suivre les modes de l’heure. Tout ce qui est numérique est très en vogue, nous devons donc nous adapter.

Que faites-vous pour maintenir à jour vos connaissances et votre expertise?

J’essaie d’assister régulièrement au congrès de l’AAQ, aux formations de l’AAQ ou du RAQ. De plus, étant correctrice pour la revue de l’AAQ depuis plusieurs années, je suis amenée à lire au moins quatre textes par année sur des sujets très variés ; cela ouvre mes horizons et diversifie mes connaissances. Régulièrement, ces formations ou informations me servent.

Qu’est-ce que vous voudriez partager avec quelqu’un qui désirerait entreprendre des études en archivistique?

Je dirais que les archives historiques c’est un milieu particulièrement stimulant et que c’est un travail que l’on fait par passion. C’est un milieu qui est difficile, surtout les premières années. Il n’y a pas énormément d’emploi aux archives historiques, surtout quand on s’éloigne de la région de Montréal, mais quand on y croit et que l’on persévère, on réussit à faire sa place. Pour ma part, je suis entourée au quotidien de gens passionnés qui croient, aux archives, à l’histoire et à la diffusion du patrimoine sous toutes ses formes et tous les matins je suis heureuse de me rendre au travail. La qualité de vie, c’est très important.

Comment décrivez-vous votre métier à des non-archivistes ?

Je dis toujours que je travaille dans les vieux papiers et que je suis là pour les organiser pour qu’on s’y retrouve. Idéalement, j’essaie d’avoir un exemple de mise en valeur d’archives ou de trésors que j’ai trouvé par hasard dans le fond d’une boîte. Ça permet d’être plus concret. Il faut dire que ces dernières années il y a eu beaucoup d’émissions de télé qui mettent en valeur des archives. Les gens comprennent plus facilement le métier et son importance, surtout pour les archives plus anciennes.

Selon vous, quel est l’apport des archivistes à la société ?

On le dit : pour savoir où l’on s’en va, il faut savoir d’où l’on vient. Les archivistes permettent de mieux connaître et comprendre ce passé (même si c’est un passé proche). Par ailleurs, nous sommes dans une période où la mise en valeur des archives est très importante et ça permet de mieux faire connaître notre métier et aussi de faire réaliser aux gens que les archivistes ont un rôle non négligeable dans la société. Les archivistes permettent une meilleure compréhension de notre milieu de vie.


Le projet Vie d’archiviste vise à présenter une série de portraits d’archivistes provenant de différents milieux et d’illustrer leur parcours et leur travail quotidien. L’AAQ désire ainsi présenter la diversité dans les profils possibles d’archivistes. Les documents et connaissances que nous gérons et préservons sont souvent mis de l’avant, c’est à notre tour maintenant! Vous souhaitez participer? Écrivez-nous à communicationaaq@gmail.com.

Le comité des communications désire remercier les archivistes qui se sont généreusement prêtés au jeu et notre photographe Cyndie Chouinard pour ses magnifiques photos.

 

5 réflexions sur “Vie d’archiviste : Linda Rivest

  1. Pingback: Vol. 9, no. 20 | I-Heritage.info

  2. J’ai vu deux adjectifs qui devraient être des adverbes. « Les gens comprennent plus « facile » le métier et son importance, surtout pour les archives plus anciennes» et «… depuis plusieurs années, je suis amenée à lire « minimal » quatre textes…».

  3. Je suis présentement étudiante au Cégep de Saint-Hyacinthe et je suis très intéressée par le milieu des archives historiques. Est-il possible pour moi de contacter Linda Rivest afin de lui posé quelques questions ?
    Merci

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