Fonction : Diffusion

Lecture d’archives à voix haute : le cas du public scolaire

Par Mylène Bélanger, archiviste chez Exporail, le musée ferroviaire canadien

En 2010 (je me sens vieille tout d’un coup! ;)), j’ai mis la main sur le plan de cours de mon mari: Introduction à l’archivistique par Daniel Ducharme. À sa lecture, un des cours a piqué ma curiosité: Archives à voix haute sur le thème du leadership. Étant encore au baccalauréat en littérature, j’ai demandé à M. Ducharme si je pouvais assister à ce cours en particulier et il eut la gentillesse d’accepter. Ce fut là le coup de foudre pour moi avec ce moyen de diffusion!

Mais j’en entends déjà: qu’est-ce que c’est qu’une activité d’Archives à voix haute? Bien que ce concept soit de plus en plus populaire au Québec, il reste encore méconnu pour beaucoup. Laissez-moi donc éclairer votre lanterne!

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Diapositive tirée de La voix des archives : récits de Roussillon, 2018. © Exporail

L’idée de créer des activités d’«Archives à voix haute» provient des Alpes de Haute-Provence, en France. Jacqueline Ursch, directrice des archives de cette région, désirait faire vivre les archives départementales et leur donner une place dans la vie culturelle locale. Le but était donc multiple : donner une autre image des archives, bousculer les stéréotypes, rendre les archives accessibles au public et favoriser l’enracinement culturel dans le milieu local.

 

Plusieurs façons de présenter une activité d’Archives à voix haute existent. Certaines feront appel à des acteurs pour la lecture des textes, d’autres à des costumes ou encore à la lecture d’extraits littéraires à travers la présentation. Bref, aucune méthode ne s’impose en tant que gouverne. Dans mon cas, je préfère une présentation d’Archives à voix haute simple et sans artifices. La lecture des documents d’archives se fait par les archivistes même et la présentation visuelle est présente dans le seul but de soutenir ceux-ci, tout en laissant l’accent sur les archives. Après tout, c’est ce qui nous intéresse le plus dans cette activité!

Il faut dire que ma vision de cette activité est grandement teintée par Hélène Élément, archiviste de la Congrégation des Sœurs-de-Sainte-Anne, avec qui j’ai eu l’incroyable opportunité de faire mon stage en 2012, qui consistait justement à mettre sur pied une activité d’Archives à voix haute! Quand je vous dis que je suis tombée en amour avec le concept!

Depuis, j’ai eu la chance d’être lectrice de différentes présentations de cette nature, mais le public était relativement toujours le même: adultes sensibilisés ou non aux archives et/ou à l’histoire. Or, en 2017-2018, mon organisme a obtenu une subvention de la MRC afin de mettre sur pied une activité d’Archives à voix haute sur l’apport du chemin ferroviaire au sein même de ladite MRC.

Comme j’avais déjà rédigé quelques activités d’Archives à voix haute par le passé (lors de mon stage, mais aussi lorsque je travaillais à la Société historique Pierre-de-Saurel), ce côté-là s’est très bien passé. La nouvelle variable s’est plutôt trouvée au niveau du public à qui j’allais faire la lecture de notre activité. Non seulement nous aurions des présentations au grand public que je qualifierais de  »traditionnelles », mais je devais également faire des présentations aux élèves de deux écoles.

Mylène Bélanger lors d’une lecture d’archives à voix haute.

Sur le coup, je n’ai pas vraiment pensé à modeler la présentation spécifiquement pour la présentation à un public beaucoup plus jeune. La présentation au premier groupe a rencontré quelques difficultés, mais j’ai pu ensuite réajuster le tir pour le second et j’y ai appris des choses qui me seront très précieuses dans le futur! J’aimerais ici vous partager cette expérience afin que vous aussi, vous soyez mieux armés si jamais vient le temps pour vous de faire une présentation de ce genre à un public scolaire. Par contre, je n’ai pas la science infuse! Donc, si vous vivez également ce genre d’expériences, soyez certains que ça m’intéresse!

Premier point: vulgariser le plus possible les liens que vous faites entre les textes d’archives! À la base, c’est important pour n’importe quel public de bien vulgariser ces liens afin de favoriser la compréhension de tous. Sinon, gare à vous! Vous risquez de perdre certains joueurs en cours de route! Pour le public scolaire, vulgariser le texte (encore une fois, je parle des liens entre les textes d’archives et non les textes d’archives eux-mêmes; eux, on ne les touche pas normalement!) est vraiment primordial, à un niveau beaucoup plus élevé. Nous avons souvent l’impression que ce que nous avons fait est assez, mais il faut se mettre au même niveau que les élèves. Ce n’est pas toujours facile à faire et je vous conseille fortement de faire lire / présenter votre activité à quelqu’un qui n’est pas nécessairement versé dans l’histoire et ce type de créneau; ou encore à quelqu’un qui a de l’expérience auprès du jeune public.

Deuxième point: créer des liens avec votre public scolaire! Déjà, le public général aime bien se reconnaître dans une présentation d’Archives à voix haute (si votre sujet le permet). Pour les enfants, ce besoin est encore plus grand! Je me souviendrai toujours du petit garçon qui a crié  »C’est ma ville ça!!!! » quand j’ai donné une anecdote reliée à Saint-Philippe.

 

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Diapositive tirée de La voix des archives : récits de Roussillon, 2018. © Exporail

Troisième point: vous permettre de dévier légèrement de votre ligne directrice pour poser des questions à votre jeune public! Les questionner les aide à être plus attentifs; ils s’ennuient beaucoup moins! Ici encore, cela crée également un lien avec eux. Heureux hasard, j’avais, au sein même d’un des textes d’archives choisis pour la présentation, un texte éducatif qui introduisait la leçon avec la question suivante:  »Connaissez-vous monsieur Ladouceur, le vieux mécanicien du National-Canadien ? ». Quelle surprise la toute première fois d’entendre les élèves répondre en chœur  »Non! », mais également, quelle révélation pour la suite des choses!

Alors voilà mon billet bien modeste sur les activités d’Archives à voix haute présentées au public scolaire! J’espère qu’il pourra vous être utile si jamais vous décidez de vous mettre vous aussi à ce merveilleux moyen de diffusion! N’oubliez pas de me tenir au courant de vos propres découvertes en la matière!

À propos de l’auteure : Mylène Bélanger est archiviste pour Exporail, le musée ferroviaire canadien (un projet de l’Association canadienne d’histoire ferroviaire) depuis 2016. Elle est également chargée de cours en archivistique à l’UQÀM. Elle détient un baccalauréat en littératures de la langue française de l’Université de Montréal, ainsi qu’un certificat en archivistique de l’EBSI. Elle a notamment mis à contribution son expertise dans des domaines aussi variés que les milieux gouvernementaux, municipaux, scientifiques, religieux et historiques.

La lecture d’archives à haute voix permet à beaucoup d’élèves d’avoir un premier contact avec l’histoire et ses différents artefacts.

Une réflexion sur “Lecture d’archives à voix haute : le cas du public scolaire

  1. Merci Mylène pour ce texte. Effectivement, capter ET conserver l’attention des enfants n’est pas chose facile lorsqu’on présente des notions d’histoire. À travers mon expérience, j’ai présenté quelques fois l’histoire de la région aux enfants de niveau primaire et ce fut fort instructif… pour moi entre autres. Les enfants captent souvent de petits détails qui paraissent anodins, mais la plupart du temps, c’est parce qu’ils s’y reconnaissent. Il faut savoir détecter ce qui accrochera leur vécu. Par exemple, un garçon a déjà été très surpris de savoir que son village (Saint-Mathieu-de-Beloeil) avait déjà eu plus d’une école (de rang), où les enfants y allaient à pieds, alors que maintenant, tous les enfants du village doivent être conduits en autobus à une école de Beloeil. Laisser les enfants s’exprimer (brièvement) durant une présentation est une façon de leur montrer que l’histoire est un concept qui rejoint tout le monde, y compris eux-mêmes.

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