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À la découverte des archives de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec : Entretien avec Marise Falardeau et Pierre Skilling

Par Jonathan David, responsable du blogue Convergence

Ce n’est pas chaque semaine qu’un nouveau blogue en archivistique voit le jour. Et quand il s’en ouvre un d’une qualité exceptionnelle, comme c’est le cas de Première lecture, on ne peut que souligner l’excellence du travail de nos collègues.

Le premier mars dernier, la Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec se lançait dans l’aventure de la blogosphère avec la mise en ligne de ce nouveau blogue, qui apporte un regard unique et fort pertinent dans le panorama archivistique.

À la lecture des premiers billets, on comprend rapidement la pertinence de ce blogue, qui présente notamment les archives contenue dans les collections de la bibliothèque de l’Assemblée Nationale. Ces archives ont beaucoup à nous apprendre sur notre histoire nationale, mais également sur l’archivistique, dans une perspective de renforcer la visibilité de notre profession sur le web, de valoriser notre profession et de diversifier les sources pertinentes, tant pour le grand public que pour les étudiants ou les chercheurs.

Afin d’en connaitre davantage sur le lancement, la mission et l’avenir de ce nouveau blogue, je m’entretiens avec Marise Falardeau (Archiviste) et Pierre Skilling (analyste) à la Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec.

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J.D. – Quelles sont vos motivations avec le lancement de Première lecture? Racontez-nous la petite histoire qui est derrière la décision de mettre sur pied ce nouveau blogue.

M.F. & P.S. – Au cours des dernières années, la Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec s’est développée et s’est renouvelée de façon remarquable. Pourtant, elle reste relativement mal connue, aussi bien auprès des personnes qui travaillent sur notre colline parlementaire que parmi le grand public. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que nous écrivons son nom tout au long plutôt que d’utiliser un acronyme! On nous confond parfois avec cette autre grande institution dont le siège social est à Montréal. Avec le blogue Première lecture, nous voulons mieux faire connaître et mettre en valeur ce qui se fait à la Bibliothèque de l’Assemblée. C’est un nouvel espace de diffusion de nos expertises et de nos connaissances, comme des riches collections et fonds d’archives de notre institution. Un carrefour numérique qui rend plus accessibles nos actualités, nos nouvelles publications, nos trouvailles et autres initiatives. De nombreuses institutions ayant une mission comparable proposent des blogues dans cet esprit, par exemple la Bibliothèque du Parlement du Canada, la Bibliothèque du Congrès des États-Unis et le Centre d’information du Parlement écossais. Il y a longtemps que ce projet était dans l’air, et une équipe formée de membres des services de la recherche, de la référence et des archives a redoublé d’efforts au cours des derniers mois pour que ce blogue soit lancé le 1er mars 2021.    

Il faut ajouter que Première lecture prend la relève et poursuit la mission du Bulletin de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale, une revue d’études multidisciplinaire sur les institutions parlementaires, le parlementarisme québécois et l’histoire politique publiée pendant 50 ans. Comme le Bulletin (dont toutes les parutions restent bien sûr accessibles en ligne), mais avec une fréquence et des mises à jour plus régulières, Première lecture mettra en lumière la recherche effectuée à la Bibliothèque, ainsi que ses collections.

J.D. – À qui s’adresse votre blogue? Au grand public ou à la communauté archivistique?

M.F. & P.S. – Première lecture s’adresse à toute personne s’intéressant à l’actualité, à l’histoire, à la politique, à la bibliothéconomie et à l’archivistique. En somme, ce blogue reflète le caractère unique de notre institution : d’abord une bibliothèque parlementaire et législative, mais aussi un lieu important de recherche historique et institutionnelle, et enfin un espace de conservation de collections et fonds d’archives d’une valeur considérable pour la mémoire politique et culturelle du Québec.

En ce sens, Première lecture s’adresse à un large public.

J.D. – Quels types de billets peut-on s’attendre à y lire? Quels sujets y seront traités?

M.F. & P.S. – Notre objectif est de diffuser les différentes facettes des activités de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale, qu’il s’agisse d’analyses relatives à des enjeux de l’heure, de recherche historique et institutionnelle, des acquisitions récentes de livres et d’archives, ou encore de la présentation de l’évolution de certaines pratiques propres à notre institution telles l’indexation ou la gestion documentaire.

Ainsi, les habitués du Bulletin de la Bibliothèque retrouveront des articles de fond dans des domaines comme l’histoire politique et la recherche sur la démocratie et les institutions parlementaires, ainsi que des chroniques sur les archives et les collections. Par ailleurs, plusieurs articles parus auparavant dans le Bulletin et parfois méconnus ont toujours une grande pertinence et pourront être proposés dans une nouvelle mouture sur le blogue. Première lecture offrira aussi, par exemple, des capsules historiques accompagnées de pièces de nos collections, des billets à propos de nouvelles publications de nos différents services, des notes de recherche qui font le point sur l’état de la législation sur un sujet particulier, des textes qui rendent compte d’activités comme des expositions ou le Prix du livre politique, des entrevues avec des chercheurs qui fréquentent notre bibliothèque, etc.

J.D. – Que peut-on trouver comme archives dans les collections de l’Assemblée nationale? Est-ce qu’elles sont accessibles aux chercheurs?

M.F. & P.S. – Les archives de l’Assemblée nationale contiennent plus de deux kilomètres linéaires de documents textuels, iconographiques, sonores et visuels qui témoignent des activités de l’institution depuis 1867. On y trouve des documents concernant les travaux parlementaires, la gestion administrative de l’Assemblée, les cérémonies protocolaires s’y étant tenues et les relations interparlementaires entretenues avec différents parlements. Parmi ces archives, la présence de nombreux registres manuscrits illustre de façon très spécifique la gestion des travaux parlementaires et les activités comptables de l’Assemblée législative de 1867 à 1960.

L’Assemblée nationale possède également plus de 90 fonds et collections d’archives de nature privée provenant d’individus ou d’organismes ayant marqué le Parlement ou l’histoire politique du Québec, notamment les députés et les fonctionnaires ayant contribué de façon importante aux activités de l’institution, les journalistes de la Tribune de la presse et les collectionneurs privés. La Bibliothèque de l’Assemblée nationale est d’ailleurs l’endroit idéal pour consulter un fonds d’archives typique d’un parlementaire.

De même, nous possédons de très belles collections privées qui contiennent notamment de nombreux documents promotionnels de partis politiques, des cartes stéréoscopiques de l’hôtel du Parlement ainsi que des photographies relatives à la vie politique au Québec au courant du XXe siècle. Notons les collections Alain Lavigne, Yves Beauregard, Alain Gariépy et Charles Breton-Demeules qui méritent d’être connues du public.

Du côté des objets patrimoniaux, nos collections regroupent plus de 6 000 artefacts qui témoignent de l’histoire politique québécoise.  Ils proviennent de l’institution ou ont appartenu à d’anciens parlementaires québécois, à des journalistes, à des hauts fonctionnaires ou à des collectionneurs privés.

Plusieurs collections d’objets de l’Assemblée, dont la collection Richard G. Gervais et la collection Yves Beauregard, sont disponibles sur le site d’Artéfacts Canada.

Outre ces collections d’archives et d’objets patrimoniaux, la Bibliothèque de l’Assemblée nationale conserve une impressionnante collection de 10 000 livres rares et précieux, notamment la collection du premier ministre Pierre-Joseph-Olivier Chauveau classée bien patrimonial du Québec. Cette collection comprend des trésors, dont le plus vieux livre de la Bibliothèque, La somme théologique de Saint-Thomas d’Aquin, un incunable imprimé en 1472.

Les archives de l’Assemblée nationale sont accessibles au public sur rendez-vous. Tous les détails sont présentés ici : http://www.bibliotheque.assnat.qc.ca//fr/470-archives-et-objets-patrimoniaux

J.D. – On sait qu’un des grands enjeux du blogue en tant qu’outil de communication est d’arriver à tenir une certaine constance dans la publication de nouveaux contenus. À quelle fréquence seront publiés les billets sur Première lecture?

M.F. & P.S. – Notre objectif est de publier au minimum un ou deux articles par mois, mais cette cadence pourrait être accélérée au fil du temps. Pour l’instant, nous prévoyons une quinzaine d’articles par année.

J.D. – Quels sont selon vous les éléments spécifiques qui font que votre blogue se démarque dans le panorama actuel de notre profession? Quel regard original sur notre Histoire collective peut-on découvrir grâce à la diffusion de vos collections?

M.F. & P.S. – Première lecture est le fruit du travail complémentaire de chercheurs, d’historiens, de bibliothécaires et d’archivistes. En ce sens, il propose un large spectre d’articles non seulement en lien avec les sciences de l’information, mais également avec l’histoire et la politique. Il touche à la fois des enjeux du passé et du présent et est intimement lié aux activités parlementaires.

Pour en savoir plus: Le blogue de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec

Assemblée nationale du Québec – CC BY-NC 2.0 – SOURCE

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