Vie d'archiviste

Vie d’archiviste : Mylène Bélanger et Chantal Guérin

Par Chloé Couture

C’est avec fébrilité qu’une trentaine de personnes se sont réunies virtuellement le 25 mars dernier à l’occasion d’une soirée 5à7 Vie d’archiviste pas comme les autres. En effet, pandémie oblige, le comité de la région Montréal a cherché à renouveler la formule pour qu’elle soit plus interactive en l’absence d’un réel contact entre les participants. Ainsi, ces derniers, au lieu d’assister à un tête-à-tête avec un archiviste, ont plutôt profité de la présence d’un duo formé de Mylène Bélanger et de Chantal Guérin, respectivement archiviste et technicienne en archivistique à Exporail, le Musée ferroviaire canadien. Toutes les deux nous ont raconté moult aventures et défis liés à leur travail au sein de leur centre d’archives situé à Saint-Constant.

Exporail, Musée ferroviaire canadien

Le musée, qui comprend le Centre d’archives et de documentation de l’Association canadienne d’histoire ferroviaire (ACHF), emploie une dizaine d’employés et de nombreux bénévoles qui sont pour la plupart d’anciens travailleurs du chemin de fer. Mylène et Chantal aiment à dire qu’elles parlent le fluent ou le franglais au travail. En effet, alors que les employés sont francophones et les bénévoles parlent anglais ou français. Le Centre d’archives et de documentation contient plusieurs types de documents, dont des photographies, des vidéos, de nombreux dessins techniques et toutes sortes de documents portant sur l’histoire ferroviaire, intimement liée à l’histoire du Canada, de l’immigration et du tourisme.

Mylène Bélanger, archiviste chez Exporail

Fonds du Canadien Pacifique

Parmi les nombreux fonds détenus par le centre d’archives, le plus imposant est sans aucun doute celui du Canadien Pacifique. La compagnie, qui souhaite conserver son image intacte, demeure présente dans les décisions de diffusion de celui-ci même si les archives lui ont été données. Un contact du Canadien Pacifique doit approuver les demandes d’accès externes à leur fonds. Toutefois, jusqu’à aujourd’hui, les demandes ont toujours été approuvées. Étant le plus gros fonds du Centre et le plus en demande, il est certain que son traitement est primordial. Malgré tout, Mylène maintient que tous les fonds d’archives doivent être traités sur le même pied d’égalité. Finalement, grâce à la persévérance de Mylène, et à un dos substantiel du Canadien Pacifique, il a été possible pour celle-ci d’engager une ressource consacrée à leur fonds.

Arrivée de Chantal au sein de l’équipe de l’Exporail

Chantal Guérin a tout d’abord été bénévole pendant quelques mois au sein du musée avant d’y réaliser des contrats. Puis récemment, grâce aux récents développements avec le Canadien Pacifique, elle occupe désormais le poste de technicienne en archivistique chargée de leur fonds d’archives. C’est avec enthousiasme que Chantal nous parle de l’évolution de son rôle au sein du musée. Celle-ci adore la dynamique qui règne à son lieu de travail et est très satisfaite d’y avoir désormais un poste plus stable.

Chantal Guérin, technicienne en archivistique chez Exporail

Défis au travail

Un des gros défis qu’ont vécu Mylène et Chantal est le traitement des 12 000 négatifs qui composent les fonds de l’ACHF. Ces négatifs, qui n’avaient jamais été traités selon leur spécificité, devaient être numérisés. Un approfondissement des connaissances, des tests et beaucoup de débrouillardise ont été nécessaires afin de déterminer les composants des négatifs (nitrate, acétate, polyester) et les moyens de préservation adéquats. Pour y parvenir, Mylène a même dû apprendre la technique de conservation du froid et munir le centre d’archives de congélateurs.

Par ailleurs, une exposition temporaire présentée du 4 décembre 2020 au 6 septembre 2021 au Musée de Pointe-à-Callière et à laquelle a grandement contribué le Centre d’archives et de documentation de l’ACHF a demandé beaucoup de temps et d’énergie à l’équipe. En raison des ressources centrées sur ce projet, certaines tâches ont dû être reportées. En effet, bien que l’exposition Train, transporteur de rêves soit l’exposition d’un autre musée, celle-ci est composée d’artefacts qui proviennent en majorité du musée canadien du train. Malgré la charge de travail qu’a généré ce projet, Mylène et Chantal sont satisfaites de la visibilité que l’exposition donne à leur musée ainsi qu’au patrimoine ferroviaire canadien.

Fonctionnement en télétravail

Alors que Mylène nous explique qu’elle travaille généralement mieux de son domicile, même si elle doit se rendre sur place pour réaliser certaines tâches, Chantal, pour sa part, nous fait bien rire lorsqu’elle nous raconte tous les efforts qu’elle a entrepris pour réaliser son travail de chez elle. En effet, on peut dire que le télétravail a été tout un défi pour elle : pour être en mesure de traiter les boîtes d’archives à son domicile, elle est allée jusqu’à transformer son environnement en ajustant l’humidité et la température en conséquence!

Parcours académique et professionnel

Chantal nous informe qu’elle était professeure au secondaire avant de faire les deux certificats à l’EBSI (gestion de l’information numérique et archivistique). Au cours de ses études à l’EBSI, celle-ci effectue du bénévolat à Exporail, ce qui lui permet d’avoir déjà un avant-goût du domaine.

Mylène, quant à elle, est archiviste depuis 10 ans. Elle détient un baccalauréat en littératures de langue française et un certificat en archivistique. Ses études valident ensuite son intérêt envers le domaine. Dès la fin de son stage dans un milieu religieux, elle obtient immédiatement un emploi permanent au sein de la Société d’histoire de Sorel-Tracy. Puis, celle-ci connaît d’autres expériences professionnelles, notamment au sein de l’oratoire Saint-Joseph, de la firme de consultants Larochelle Groupe Conseil et chez Hydro-Québec. Cependant, pour des raisons de mobilité, elle tente sa chance auprès d’Exporail affichant une offre d’emploi très intéressante aux yeux de Mylène qui apprécie particulièrement la diffusion des archives. Son entrevue est un succès et elle obtient le poste qu’elle occupe toujours aujourd’hui.

Anecdote cocasse

La fois où… Mylène et Chantal ont trouvé une lettre encore cachetée du Canadien Pacifique. La question qui tue… est-ce qu’elles ont pris la décision de l’ouvrir ou non … et oui elles décident de le faire à deux en prenant des photos du processus bien sûr !  Il s’agissait finalement d’une lettre où Van Horne devait choisir un nom de lieu. Les invitées nous racontent qu’à l’époque, Van Horne était une figure très importante de l’histoire ferroviaire et de façon plus générale, du Canada. Plusieurs noms de lieux ont été choisis par lui.

Une complicité gagnante

Cette soirée vie d’archiviste, qui a été riche en histoires et en anecdotes, a beaucoup plu aux participants qui ont félicité le duo à maintes reprises pour leur synergie d’équipe, quasi fusionnelle. Bravo pour cette belle présentation!

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