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Archives au quotidien: Remonter dans le temps

Carte postale – Photographie: à droite Reine Jeanne « Neka » Dupin, à gauche sa mère

Par Justine Massie, étudiante à l’EBSI


D’aussi loin que je me souvienne, savoir d’où nous venons a toujours été important pour ma grand-mère et moi. Elle a commencé ses recherches généalogiques en 2004 et depuis, c’est devenue sa passion, à tel point qu’elle a réussi à remonter dans notre arbre généalogique jusqu’au XVIe siècle. Je suis fasciné par le travail qu’elle a accompli, tant par les recherches entreprises dans nos archives familiales que par celles effectuées dans les centres d’archives départementaux français et dans les consulats présents en France.

Je trouve cela émouvant de me plonger dans le passé de ma famille. Ce qui m’intéresse le plus n’est pas tant de documenter les naissances, les mariages et les décès, même s’il est certain que c’est une partie extrêmement importante du travail de recherche généalogique. Ce qui me touche le plus est d’être capable de retracer l’histoire de mes ancêtres, de savoir quelles étaient leurs conditions de vie, leurs métiers particuliers et les liens tissés entre eux.

La branche de ma famille qui m’a le plus intéressée est celle qui est partie vivre en Russie dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Plus de trois générations se sont succédées à Saint-Pétersbourg avant la révolution Russe de 1917. Un des membres de la famille était le coiffeur du Tsar Alexandre III de Russie, puis de Nicolas II de Russie. Une de ses filles se maria même à un officier du Tsar. Elle s’appelait Reine Jeanne Althoffer et on la surnommait « Neka ». Son histoire est particulièrement captivante car elle est empreinte de mystère et laisse une grande part à la spéculation. Elle est née à Saint-Pétersbourg le 8 mai 1891 et elle a vécu toute sa vie en Russie jusqu’à la révolution de 1917. Il est fait mention dans une carte postale qu’elle a réussi à rentrer en France malgré la révolution, et qu’elle était à Paris avec son frère en 1919. C’est la dernière preuve de vie connue de Neka, elle avait alors 28 ans. Nous ne savons pas ce qu’il lui est arrivé par la suite. Peut-être a-t-elle a vécu encore longtemps après cela, peut-être a-t-elle eu des enfants, mais elle peut tout aussi bien être décédée aux alentours de cette date. Nous ne pouvons pas avoir de certitudes à ce sujet. À moins de retrouver un document oublié jusqu’ici contenant d’autres informations relatives à la vie qu’elle aurait eu après 1919, nous n’en saurons probablement jamais rien.

Ce qui m’a touché dans les recherches généalogiques de ma grand-mère, c’est le lien émotif qui s’est tissé peu à peu entre moi et mes ancêtres. Le fait d’avoir pu travailler sur mon histoire familiale et d’avoir pu l’associer à des événements historiques m’a permis de m’identifier aux membres de ma famille. Le lien que j’ai fait entre la vie de ceux qui m’ont précédé et les faits historiques de leurs époques a attisé ma curiosité pour l’histoire et l’anthropologie. Cela m’a donné envie de mieux comprendre l’impact que peuvent avoir les événements historiques sur la vie privée des familles. L’intérêt que ma grand-mère m’a transmis pour notre généalogie et les archives qui la composent nous a permis de développer une relation très forte. Je m’estime chanceuse d’avoir eu accès à cela, et c’est probablement la principale raison qui m’a poussé à étudier l’archivistique. Finalement, tout cela m’a fait réaliser à quel point le lien entre les archives et la société peut être fort et empli d’émotion, pour peu qu’on soit tenté de le développer.


Référence :

  • Arbre généalogique : photographies, carte postale, copie d’actes de naissances, de baptêmes, de mariages et de décès réunis par Claude Bertrand à partir de 2004 jusqu’à aujourd’hui.

Ce texte est une version révisée et augmentée d’un travail pratique réalisé à l’EBSI, Université de Montréal, dans le cadre du cours ARV1056 – Diffusion, communication et exploitation donné au trimestre d’hiver 2015 par Yvon Lemay.

5 réflexions sur “Archives au quotidien: Remonter dans le temps

  1. Il semblerait qu’en 1932, Reine Jeanne Althoffer était encore en vie (existence d’une lettre). Cordialement, Evelyne Althoffer di Tullio

  2. Bonjour, je viens de découvrir votre article ! Joseph-Charles était le frère de mon trisaïeul (arrière-arrière-grand-père) Nicolas ALTHOFFER qui n’a pas connu un si grand destin !! Je suis en France et suis passionnée de généalogie. Je suis très heureuse de cette découverte ! Bien à vous, Evelyne ALTHOFFER DI TULLIO

  3. Bonjour. Je suis Elise.
    Cet article est très interessant pour moi. Je cherche l’info, consacrée Pierre Lucien Dupin, Charles Althoffer et leurs parents.
    Je suis pas ancetre, juste une ethnographe régionale de St.-Pétérsbourg. Russie.

    Vous pouvez m’écrire:belyaevav@mail.ru ou trouver plus d’info sur le site terijoki.spb.ru

    • Philippe Althoffer 88200 Remiremont
      J’ai étudié la généalogie Althoffer et j’ai quelques renseignements sur cette branche cette branche.
      althofferphilippe @gmail.com

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